Les dernières décennies ont été marquées par une évolution rapide des pratiques agricoles avec d’une part une augmentation forte des prairies artificielles à haut rendement, et d’autre part une intensification dans les modes d’exploitations des prairies naturelles (fauche précoce, charge du pâturage, fertilisation abondante...). Cette évolution des pratiques se traduit par une perte massive de diversité végétale.

Notre flore indigène, qui a évolué depuis des millions d’années dans un contexte de sols globalement assez pauvres, est dans son ensemble peu adaptée à une augmentation de la fertilisation facilitée, de nos jours, par l’emploi d’engrais chimiques. On sait aujourd’hui qu’une fertilisation accrue, favorise les plantes banales et « gourmandes » au détriment d’une flore plus discrète et « frugale » pourtant indispensable à l’élaboration de produits agricoles de qualité.

L’atelier qui vous est proposé vise à analyser les espèces indicatrices de l’équilibre agro-écologique des milieux étudiés. Ce petit outil diagnostic sera ensuite pour nous un moyen d’évaluer, au cours de nos balades, l’état de santé des prairies traversées.

Voici ce que dit le philosophe Baptiste Morizot à propos du rôle de « traducteur » joué par les espèces bio-indicatrices :
« L’écosystème, dans sa vertigineuse complexité biotique-abiotique, est inaccessible à notre compréhension, il n’est pas « de la famille », il partage peu de classes de vocabulaire vital avec l’animal humain. […] les espèces bio-indicatrices sont des corps intermédiaires révélant que le milieu comme écosystème est en pleine santé - ou malade. Elles sont la réverbération de la santé globale dans le corps des uns : le reflet du grand corps abstrait mais actif du milieu dans le petit corps fuselé d’un insecte ou d’une fleur. »