Issu d'un long épanchement de lave basaltique, la planèze du Limon offre des paysages grandioses et singuliers, immensités de prairie et de ciel qui impressionnent durablement ceux qui les ont traversées.

Voici ce qu'en dit Charles Wright, jeune moine novice et écrivain, ébloui par la "vacuité sublime" du Limon :
Le Limon rappelle les steppes d’Asie Mineure ou de Mongolie. Sur ce plateau désertique, le regard ne bute sur rien, à part des troupeaux de vaches et, ici ou là, des ruines d’anciens burons, ces petites constructions en pierre où les pâtres fabriquaient le fromage pendant les estives. Cette immense étendue d’altitude paraît se jouer de la pesanteur, et j’ai l’impression d’avancer sur une mer de lune recouverte par l’herbe, ce « clavecin des prés », comme l’appelait Rimbaud. Ou bien de marcher dans le ciel, indéfiniment, ne sachant plus très bien, à la longue, où est la terre et où est l’azur, parce que tout finit par se rejoindre dans une sorte de vertige.

En progressant au milieu de cette vacuité sublime, j’ai la sensation, moi aussi, d’absorber le monde dans sa substance, d’avaler les horizons et les nuages, de boire l’espace jusqu’à l’ébriété - oui, on peut devenir ivre d’un paysage. Si chacun possède une patrie intime, une terre intérieure, moi, c’est avec le Limon que je suis accordé. Sans doute existe-t-il ailleurs des endroits plus remarquables, mais celui-ci est de mon sang, il me ressemble. J’ai avec cette solitude des accointances mystérieuses, comme si on se reconnaissait.

Une longue promenade sur ce plateau d'altitude raboté par les glaciers nous permettra de découvrir une flore de prairie naturelle très diversifiée, entretenue par la présence des troupeaux et enrichie par la présence de nombreuses zones humides.